Les Pouvoirs et effets de l'Art
Une affaire - pas que - de neurophysiologie et de neurosciences.
Chaque technique artistique a ses spécificités que l’Art-thérapeute choisit en fonction des capacités préservées de son patient pour valoriser ses potentialités lors d’une activité artistique. Le choix de la dominante utilisée n'est donc pas obligatoirement lié aux goûts du patient ou à la dominante artistique du thérapeute mais sera justifié en fonction de la stratégie thérapeutique et des objectifs thérapeutiques à atteindre.
Mais toutes les techniques artistiques disposent de trois fabuleux pouvoirs et effets que l'Art-thérapeute saura exploiter pour diminuer la souffrance de son patient.
- Le pouvoir éducatif de l’Art : éduquer les sens, affiner les perceptions, faire naître l’émotion…
La plasticité cérébrale est cette incroyable faculté de notre cerveau de s’adapter tout au long de notre vie en créant de nouveaux circuits neuronaux et de nouvelles connexions synaptiques permettant d'apprendre à toute âge.
L’activité artistique développe cette faculté de notre cerveau mais elle permet aussi d’affiner nos capteurs sensoriels et notre faculté à ressentir et de stimuler notre créativité.
Puis l'Art - et dans un sens plus large la Beauté - nous saisit par l’émotion : Le Nocturne op. 9, n° 2 de Chopin vous fait pleurer ? Le générique de Game of Thrones vous donne des frissons ? Le David de Michel-Ange vous laisse bouche bée en raison de la perfection de ses traits, de l'harmonie absolue qu'il dégage ? Eh bien, c’est normal : l’Art et la Beauté nous touchent au plus profond de notre Être et transcendent notre humanité dans son universalité. D'un point de vue neurophysiologique, ces gratifications sensorielles activent le circuit de Papez, ce circuit neuronal caché dans les limbes de notre cerveau archaïque, entre l'amygdale et l'hippocampe, où naissent nos émotions.
- Le pouvoir d’entraînement de l’Art :
mobiliser la structure corporelle, mettre en mouvement, donner envie de faire - presque malgré nous…
Là, ce sont les neurones miroir, entre autres, qui entrent en jeu : le rock ‘n roll vous entraîne sur la piste de danse, les chansons de Queen vous font taper du pied, la tirade de Cyrano vous fait parler en alexandrins, … ?
Oui, l’Art mobilise notre structure corporelle dans un premier élan souvent inconscient. Les stimuli captés par notre vue, notre ouïe, notre toucher, notre odorat - après avoir activé le circuit de Papez - passent par le circuit de la récompense et provoquent une réponse corporelle que nous ne contrôlons pas , telles que accélération du rythme cardiaque et de la tension artérielle, l'augmentation de la température, la transpiration, les larmes, sourires, mouvement des mains et des pieds etc. Certaines de ces manifestations sont observables et vont être intégrées par l'Art-thérapeute dans sa stratégie thérapeutique pour transformer cet élan en poussée corporelle pour investir pleinement l'activité artistique.
- L’effet relationnel de l’Art : partager, communiquer sans avoir recours au verbal, créer du lien
Jouer de la guitare dans un groupe de rock ou de la flûte dans un orchestre symphonique, danser au Fest-noz, visiter un musée en famille, participer à un atelier de modelage... Nous partageons l'Art, nous communiquons et créons du lien entre nous grâce à l'Art sans être obligés d'utiliser la parole. Aussi, l'Art-thérapie est particulièrement indiquée chez des personnes souffrant de troubles de la communication, de l'expression et de la relation (autisme, troubles neuro-dégénératifs, polyhandicap...) ou en situation d'isolement. MAIS , cette expérience relève du choix de chacun : Je peux très bien décider de chanter seul sous ma douche ou de composer des poèmes dans mon journal intime. Ce n’est donc un pas un pouvoir de l’Art mais mais un effet en corrélation avec notre décision de créer du lien.